Solennité du jour : 6 janvier 2024 Epiphanie de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ

6 JANVIER EPIPHANIE DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR JESUS CHRIST

En ce jour, le Verbe de Dieu, après avoir revêtu l’Ancien Adam et accompli toutes les prescriptions de la Loi, vint auprès du grand prophète Jean pour se faire baptiser. Or Jean s’en défendait, disant : « C’est moi qui devrais être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais quand Jésus lui eut dit : « Laisse faire maintenant », Jean obéit et s’exécuta, comprenant que le baptême était l’accomplissement de toute justice. Par son baptême, le Christ a sanctifié la nature des eaux et, après avoir enseveli tous les péchés des hommes dans les glots des eaux du Jourdain, il sortit de l’eau, ayant renouvelé et refait l’homme vieilli par les péchés, et lui ayant donné le royaume des cieux.

La fête des Epiphanies du Seigneur fut d’abord destinée à solenniser l’idée des diverses manifestations de Dieu aux hommes dans la Personne du Verbe fait chair. Elle n’était pas avant tout la commémoration d’événements historiques (comme Pâques ou la Pentecôte), mais une fête théologique, l’annonce de l’incarnation et la mission divine du Seigneur et de son union mystérieuse à l’humanité dans l’Eglise, Union de connaissance (Foi) et d’amour (Charité). Cependant elle se référait à certains événements de la vie du Sauveur, dans lesquels s’était manifestée cette union d’une façon spéciale ; événements qui se présentaient avant tout comme des manifestations de la divinité (théophanies) : d’abord la naissance du Sauveur, puis l’annonce aux bergers, l’invitation mystérieuse fait e aux mages ; puis la consécration officielle du Sauveur, par le baptême dans le Jourdain, au début de la mission publique de Jésus.

Une autre caractéristique de cette grande fête est qu’on y baptisait les catéchumènes de façon très solennelle, comme à Pâques. L’objet même de la fête résume admirablement tout l’essentiel de la foi dans laquelle étaient consacrés les nouveaux chrétiens. Tout y est imprégné des deux mystères essentiels de notre foi chrétienne : l’incarnation du Verbe pour le salut de l’humanité (Nativité) ; l’unité de Dieu sans la Trinité (Baptême).

Comme nous l’avons vu le 25 décembre, la fête de la Nativité du Sauveur fut transférée, en fête séparée, à cette date à partir du IVème siècle. Mais les allusions à la Nativité (d’ailleurs toute proche au calendrier) conservent leur place aujourd’hui, car, dans cette manifestation, l’union de la nature divine et de la nature humaine est portée à la connaissance des hommes. « Ceux qui étaient dans les ténèbres ont vu une éblouissante clarté briller à Bethléem ; ou plutôt, le Seigneur né de Marie, le Soleil de justice commence à darder ses rayons sur tout l’univers » (Référence à la fête païenne du solstice d’hiver, où le soleil commence à remonter à l’horizon).

Ensuite nous est rappelé le batême de J2sus dans le Jourdain. C’est alors que le Père et l’Esprit Saint témoignent de l’Incarnation du Fils pour le salut de l’humanité.

Le souvenir du baptême de Jésus est en relation directe avec le sacrement que vont recevoir les catéchumènes. Ar lui, ils vont devenir chrétiens, c’est-à-dire se laver de leurs fautes, passer des ténèbres à la lumière, pour vivre unis à Dieu sans son Eglise qui est l’épouse du Christ. « La lumière véritable est apparue et à tous elle donne l’illumination. Le Christ est baptisé avec nous, lui qui est plus pur que tout, surnaturel ; il renferme la sanctification dans l’eau, et celle-ci devient une purification pour nos âmes… » (Laudes). C’est pourquoi on y fait allusion à la fête de Pâques, où les catéchumènes étaient aussi baptisés : « Comme jadis les Hébreux évitèrent la mort grâce à leurs portes teintes de sang, ainsi ce bain divin de la renaissance sera pour nous une fête d’exode après laquelle nous verrons la lumière véritable de la Trinité » (Ode IX). Car le baptême, comme les autres sacrements, tient son efficacité du sang de l’Agneau divin immolé, Pâques chrétiennes.

L’union des natures humaine et divine se réalise à la perfection dans la Personne du Christ, mais l’Eglise insiste beaucoup aujourd’hui pour nous faire comprendre que c’est nous-mêmes qui sommes réunis à Dieu aujourd’hui. Alors que Moïse ne pouvait que se détourner de la face de Dieu, Jean-Baptiste est invité à s’approcher du Seigneur : « Dès que Moïse s’aperçut que tu parlais du buisson, il détourna aussitôt ses regards. Et moi, di Jean-Baptiste, comment te regarderai-je en face, comment poserai-je la main sur toi, car tu es le Christ, Sagesse et Puissance de Dieu » (Ode IV). « Ecarte toute crainte, dit le Libérateur au Précurseur ; obéis-moi ; approche de moi comme du Christ, car c’est cela que je suis par nature ; moi qui suis descendu avec toi… » (Ode VIII). « Le Seigneur attire à Lui la nature créée par Dieu mais déchue par les lois d’un appétit tyrannique. Il la régénère par une nouvelle création des humains, accomplissant une œuvre tout excellente ; car il s’approche d’elle, voulant la protéger » (Ode III).

Cette union du Christ avec l’humanité a suggéré l’image d’une fête nuptiale. Les textes liturgiques dans les différents rites appellent le Christ « Epoux de l’Eglise ». C’est une noce sacrée par laquelle l’Eglise acquiert la puissance de devenir la Mère spirituelle de ceux qui renaissent par l’eau et par l’Esprit. Les textes latins de ce jour font mémoire des noces de Cana, qui offrent le symbole des noces mystiques de l’Eglise avec le Christ. Quant à l’Office byzantin, il nous offre un très beau texte de louange à l’Eglise devenue une mère infiniment féconde : « Toi qui jadis étais stérile, et hélas ! sans enfants ; réjouis-toi en ce jour, Eglise du Christ, car par l’eau et l’Esprit, des fils te sont nés qui s’écrient avec foi : « il n’est de saint que notre Dieu… » (Ode III).

A nous en ce jour de nous imprégner de l’esprit de l’Eglise dans la joie et l’Amour pour le Seigneur qui est descendu vers nous pécheurs, pou nous revêtir de sa force et de sa splendeur : « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, nous avez revêtu le Christ. Alleluia ».

TROPAIRE Mode 1

Dans ton batême, au Jourdain, Seigneur, s’est manifestée l’adoration de la Trinité. Car la voix du Père te rendait témoignage, en te nommant Fils Bien-Aimé, et l’Esprit, sous forme de colombe, confirmait cette parole inébranlable, Christ Dieu, qui as paru et illuminé le monde, gloire à toi !

HYPAKOI Mode 2

En illuminant la créature entière par ta manifestation, l’océan amer de l’incrédulité a fui ; le Jourdain, coulant vers son embouchure, a reculé, nous élevant vers le ciel. Elève-nous, Christ Dieu, vers les hauteurs de tes divins commandements, par les prières de ta Mère, et fais-nous miséricorde.

KONDAKION Mode 4

Tu es apparu aujourd’hui à l’univers, Seigneur, et ta lumière s’est montrée à nous, qui, en toute connaissance, te chantons : tu es venu, tu es apparu, Lumière inaccessible.

Liturgicon, Missel byzantin à l’usage des fidèles, Mgr. Néophytos Edelby

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