À Jérusalem, au milieu du IVe siècle, selon le témoignage de la pèlerine Éthérie, une réunion groupait, ce dimanche, les fidèles, à 1 h. de l’après-midi, dans la basilique de l’Eléona, sur le Mont des Oliviers. Après l’office, vers 5 h., une procession s’organisait, rappelant l’entrée solennelle du Seigneur à Jérusalem, six jours avant sa mort. Comme lui, l’évêque de la Ville Sainte, monté sur un ânon, faisait son entrée dans la cité aux acclamations de la foule agitant des palmes. La procession se terminait au Calvaire, dans la basilique de l’Anastasis.
Au Vie siècle, toujours à Jérusalem, la procession s’arrêtait à quatre sanctuaires (stations) : église de l’Ascension, Gethsémani, Piscine Probatique et basilique de l’Anastasis.
Vers le Xle siècle, la procession partait, le matin, de Bethphagé et s’achevait au Calvaire, où on célébrait, en arrivant, la Liturgie de S. Jacques.
De Jérusalem, la procession des Palmes passa à toutes les Églises d’Orient et d’Occident. Ayant disparu dans la plupart des Églises byzantines, elle est restée en usage dans notre Église melkite.
L’office divin est rempli de l’enthousiasme de ce jour de triomphe, triomphe bien éphémère, hélas ! et mêlé d’un nationalisme messianique mal compris.
Dans l’accent triomphal des hymnes, l’on perçoit déjà l’écho de la Passion toute proche. Néanmoins, la Liturgie met l’accent sur l’impassible divinité du Messie entrant dans la ville sainte monté sur un ânon, lui qui, au ciel, siège sur les chérubins et qui est éternellement chanté par les séraphins. Elle unit cette image du Sauveur à celle de la résurrection de Lazare, fêtée hier. Par leurs acclamations les enfants des Hébreux prédisaient la victoire de sa Résurrection.
Dans nos pays, le dimanche des Palmes est par excellence la fête des enfants que l’on a l’habitude de porter ou d’accompagner, portant des cierges et des palmes, dans la procession qui suit la Sainte Liturgie.
En tant que l’une des 13 fêtes majeures du Seigneur, le dimanche des Palmes supprime l’office dominical de la Résurrection.
Liturgie de S. Jean Chrysostome.
PREMIÈRE ANTIENNE Psaume 114, 1, 3 et 4. Mode 2.
V. 1. J’aime,
car le Seigneur écoutera le cri de ma prière.
R. Par l’intercession de la Mère de Dieu…
V. 2. Les lacets de la mort m’enserraient, les filets des enfers m’atteignaient.
V. 3. Langoisse et l’ennui me tenaient, j’appelai le nom de Seigneur.
Gloire au Père… Maintenant…
DEUXIÈME ANTIENNE Psaume 115, 1, 2 et 14. Mode 2,
V.l. J’ai foi ! lors même que je dis :
« Je suis trop malheureux ».
R. Sauve-nous, Fils de Dieu,
qui es monté sur le petit de l’ânesse.
Nous te chantons : Alléluia.
V. 2. Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?
V. 3. J’accomplirai mes vœux envers le Seigneur, quand tout son peuple est présent.
Gloire au Père… Maintenant…
Fils Unique et Verbe de Dieu…
TROISIÈME ANTIENNE Psaume 117, 1, 2 et 4. Mode 1.
V.l. Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour !
R. 1er Tropaire de la fête : Voulant, avant ta Passion… V.2. Qu’elle le dise, la maison d’Israël : éternel est son amour.
V.3. Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
éternel est son amour.
CHANT D’ENTRÉE Psaume 117, 26.
V.Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Le Seigneur est Dieu, il nous est apparu.
R. Sauve-nous, Fils de Dieu,
qui es monté sur le petit de l’ânesse.
Nous te chantons : Alléluia.
PREMIER TROPAIRE Mode 1.
Voulant, avant ta Passion, fonder notre foi en la commune résurrection, tu as ressuscité Lazare d’entre les morts, ô Christ Dieu. C’est pourquoi, comme les enfants d’alors, nous portons les symboles de la victoire, et te chantons, à toi, vainqueur de la mort : «Hosanna au plus haut des cieux! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !» (2 fois )
SECOND TROPAIRE Mode 4.
Ensevelis avec toi par le baptême. Christ notre Dieu, nous avons été rendus, par ta Résurrection, dignes je la vie immortelle. Avec des hymnes nous te chantons : « Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
KONDAKION Mode 6.
Au ciel assis sur un trône, ici-bas sur un ânon. Christ Dieu, reçois la louange des anges et les hymnes des enfants qui te crient : «Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam. »
Trisaghion ordinaire.
CHANT AVANT L’E PITRE
Psaume 117, 26, 27 et 1. Mode 3.
R. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ;
le Seigneur est Dieu, il nous est apparu.
V. Rendez grâce au Seigneur, car il est bon,
car éternel est son amour.
É PITRE
Philippiens 4, 4-9.
Frères, réjouissez-vous sans cesse, dans le Seigneur, je tiens à le dire encore, réjouissez-vous. Que votre mansuétude soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus.
Enfin, frères, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà quel doit être votre idéal. Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà quelle doit être votre pratique. Alors le Dieu de la paix sera avec vous.
Joie et paix / Voilà ce que nous recommande l’Apôtre en ce jour : exhortation bien frappante de la part d’un prisonnier qu’as, saillent tant de soucis. C’est qu’il est toujours possible au chrétien de se réjouir dans le Seigneur.
L’Apôtre nous recommande ensuite la douceur, l’indulgence envers tous, car rien ne touche tant les cœurs que la bonté, d’autant plus que te Seigneur est proche. Le temps, quel qu’il soit, est court, et, pour ceux qui l’attendent, l’avènement du Seigneur est toujours imminent.
Prions : c’est là le remède universel à tous nos besoins. Mais, que notre prière soit persévérante, confiante et reconnaissante.
La prière nous obtiendra la paix divine, que l’esprit humain ne saurait ni procurer ni apprécier.
Il faut nous porter à tout ce qui est bien, car il n’y a rien de bon, de grand et de beau dans ce monde qui ne devrait se trouver chez les chrétiens.
Nous devons nous attacher à la tradition, non seulement en croyant à la doctrine reçue des Apôtres, mais surtout en la mettant en pratique.
ALLÉLUIA
Psaume 97, 1 et 3. Mode 3.
R. Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles.
V. Tous les lointains de la terre ont vu
le salut de notre Dieu.
ÉVANGILE
Jean 12, 1-18.
Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où se trouvait Lazare qu’il avait ressuscité des morts. On lui offrit là un repas. Marthe servait, Lazare était l’un des convives. Marie, prenant une livre d’un parfum de vrai nard très coûteux, en oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum. Judas l’Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? » Il ne disait pas cela par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur et que, chargé de la caisse, il dérobait ce qu’on y mettait. Jésus dit donc : « Laissez-la : c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »
Cependant la grande foule des Juifs apprit qu’il était là et vint, non pour Jésus seul, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Les grands prêtres résolurent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs les quittaient à cause de lui et croyaient en Jésus.
Le lendemain, la foule des gens venus pour la fête apprit que Jésus se rendait à Jérusalem. Ils prirent des rameaux de palmiers et sortirent à sa rencontre en criant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Jésus, trouvant un ânon, monta dessus, selon ce mot de l’Écriture : « Sois sans crainte fille de Sion : voici venir ton roi, monté sur le petit d’une ânesse. »
Les disciples ne comprirent pas cela tout d’abord, mais quand Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent que cela aussi avait été écrit de lui et que c’était bien ce qu’on lui avait fait. Tous ceux qui étaient avec lui, quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l’avait ressuscité des morts, en rendaient témoignage. Et c’est aussi pour cela que la foule vint à sa rencontre : parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.
Marie, sœur de Lazare, brise le vase précieux et répand le parfum sur la tête et les pieds de Jésus. Son cœur ne sait manifester autrement son immense reconnaissance pour la résurrection de son frère. Quand on aime, rien ne compte plus. Le calcul tue l’amour.
Pour une fois, le Maître paraît moins soucieux de secourir les pauvres que de défendre la noblesse de ce geste contre l’hypocrisie de l’Iscariote. D’ailleurs, ne venait-elle pas d’oindre d’avance son corps ? Le cœur attentif de Marie avait été touché d’un pressentiment auquel les autres demeuraient fermés.
Judas ne pensa plus qu’à trahir, stimulé par ce qu’il considérait comme un affront ; Jésus avait préféré à son jugement rassis la sensibilité d’une femme. Son âme vile pesait tout au poids de l’or.
Le lendemain, ce fut, pour Jésus, le triomphe éphémère des Rameaux. Jésus se prêtait à une entrée messianique, lui qui avait fui les foules et refusé de se laisser nommer Messie, si ce n’est en secret, par les plus fidèles.
Jésus agréa les humbles hommages de la foule et, surtout, des enfants. Les Pharisiens, impuissants à contenir cette explosion d’enthousiasme populaire, voudraient au moins rendre Jésus responsable du désordre.
Mais ce fut un triomphe sans lendemain. Cette même foule criera, cinq jours plus tard : « Crucifiez-le ! »
HYMNE À LA VIERGE Mode 4.
Le Seigneur est Dieu, il nous est apparu.
Organisez une fête et, pleins d’allégresse, allons magnifier le Christ avec des palmes et des rameaux, chantant cette hymne :
« Béni soit celui qui vient
au nom du Seigneur, notre Sauveur. »
CHANT DE COMMUNION Psaume 117, 26 et 27.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Le Seigneur est Dieu, il nous est apparu.
Alléluia.